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Qu'est qu'un krach boursier ?- Tbsearch
Malgré l’importance du phénomène, la notion de krachboursier ne renvoie à aucune définition économique précise. Sans aucun doute, les places financières subissent les turbulences de l’actualité mais il est souvent difficile d’établir un lien évident entre des événements historiques et des réactions boursières.
La baisse de l’indice boursier de Paris, enregistrée lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale en juillet 1914, est de seulement 7,14 %, une chute mensuelle modeste mais qui le place en 105e position de toute l’histoire de la place boursière française. Mais une baisse donnée en pourcentage a un impact plus fort sur un marché stable que sur un marché hautement volatile. Un krach ne signifie pas seulement un pourcentage brut de baisse mais représente une variation significative par rapport à une situation observée antérieurement.
Par conséquent, les krachs sont à analyser en fonction de la situation financière précédente. Une nouvelle méthode simple de mesure des variations de prix est proposée. Elle tient compte de la volatilité antérieure pour mesurer chaque variation mensuelle, non en pourcentage brut, mais en nombre d’écart-types. Avant 1914, l’indice boursier français est habitué à une faible volatilité. Par conséquent, la modique baisse de 7,14 % correspond à une chute de 6,09 écarts-types, la situant au second rang des pires crises financières françaises. Les résultats obtenus sont plus cohérents replacés dans le contexte historique.
Selon un article à paraître dans la revue spécialisée Economic History Review, cette méthode est appliquée à des séries d’indices boursiers de long terme nord-américains et français et à des emprunts d’État britanniques. Cette nouvelle technique donne un éclairage différent sur l’histoire des chocs financiers. Une meilleure corrélation est ainsi établie entre les krachs et les événements plutôt qu’en regard des simples variations de prix. Des événements, évalués en pourcentage, sans conséquences financières deviennent de véritables crises après ajustement pour la volatilité. Cette meilleure cohérence donne une autre vision aux nombreux débats sur l’histoire.
Conformément à d’autres sources historiques pointant la gravité de la crise de 1847, cet épisode fait partie des dix krachs majeurs sur le marché obligataire britannique alors qu’il se situe au 102e rang en termes de strictes variations de prix. Le déclenchement de la guerre de Sécession déclenche un krach de grande ampleur dont les partisans sont prêts à assumer le coût financier dans le débat sur le conflit. La conférence de Berlin marque l’organisation pour le partage de l’Afrique et entraîne un effondrement des obligations britanniques comme si le marché intégrait le futur coût de la colonisation africaine dans les finances publiques britanniques.
Les guerres antérieures à la Première Guerre mondiale (guerres franco-prussienne, russo-turque, Guerre des Boxers en Chine, guerre des Boers, etc.) engendrent plusieurs krachs sur le marché boursier français comme sur le marché obligataire britannique qui confortent les défenseurs traditionnels de l’importance de ces conflits malgré les modestes variations de prix induites en cette période de faible volatilité.
Au tournant du 20e siècle, la Première Guerre mondiale génère des krachs majeurs aussi bien sur la place boursière française que sur les marchés obligataires britanniques, atténuant la perspective sous-jacente d’effondrement. Il est impossible de dire avec certitude s’il y a plus de krachs avant ou après la création de la Réserve fédérale des États-Unis en 1913, dont le rôle de régulateur des marchés financiers est aujourd’hui encore remis en question. En France, dans les années 1920, deux chocs monétaires confirment l’analyse de la politique monétaire française comme facteur essentiel dans la période troublée de l’entre-deux-guerres. Des épisodes tourmentés de la guerre froide provoquent des krachs sur les marchés boursiers nord-américains et français, une situation cohérente avec le risque de débâcle financière encouru à cette époque. L’absence de crise en 1929 à la Bourse de Paris et sur les marchés obligataires britanniques va dans le sens de la propagation de la Grande Dépression vers l’Europe par d’autres voies que celle des marchés financiers. La crise de 2008 diffère sur ce point car elle entraîne la chute des bourses française et nord-américaine.
Cette nouvelle méthode de mesure nous permettra peut-être d’améliorer notre compréhension des mécanismes financiers.
Par David Le Bris
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