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[RH] EXPATRIATION : RÊVES DE JEUNES DIPLÔMÉS
Le goût d'ailleurs est en vogue en Europe. En France, près de la moitié des étudiants veulent faire leurs armes à l'international : « 47 % des étudiants en école de commerce et 40 % des élèves en école d'ingénieurs souhaitent commencer leur carrière à l'étranger », indique l'enquête Universum 2013, réalisée auprès de plus de 34 000 étudiants par cette société spécialisée dans l'image employeur.
Fuite des cerveaux ?
Longtemps, la mobilité internationale fut assimilée à l'expatriation temporaire de quelques cadres supérieurs. Aujourd'hui, les jeunes diplômés l'ont intégrée dans leur avenir professionnel. Le cabinet Deloitte qui, en ce début d'année, a également interrogé les étudiants sur leurs intentions de quitter l'Hexagone, indique qu'il ne s'agit plus seulement d'un départ provisoire pour tenter une expérience ou découvrir le monde avant de construire plus sérieusement sa carrière : « 27 % des jeunes diplômés en recherche d'emploi envisagent l'expatriation pour toute la durée de leur carrière ! » Ce qui inquiète des cabinets de recrutements français, qui craignent une fuite des cerveaux.
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La conjoncture n'y est pas pour rien. En France, le nombre de recrutements des jeunes cadres a reculé de 4 % en 2013 selon l'Association pour l'emploi des cadres ( Apec ), et les prévisions pour 2014 annoncent une probable dégradation dans une fourchette de - 9 % à + 3 %. « La durée de recrutement s'est allongée de façon assez dramatique. Elle est passée de cinq ou six semaines à deux ou trois mois », selon le cabinet Robert Walters. D'autres cabinets de recrutement avancent une durée de vingt semaines avec une moyenne de 27 CV envoyés ( contre 16 en 2013 ) avant de décrocher un poste.
Forte demande mondiale
Mais il ne faudrait pas croire que le départ des jeunes diplômés n'est qu'une réponse à la mauvaise santé de leur économie nationale. « Les jeunes ne partent pas par défaut », affirme Jean-Marc Mickeler, directeur des ressources humaines du cabinet de conseil Deloitte. En France, la première attente de ces candidats au départ est de « travailler dans un univers culturel différent » pour 58 % d'entre eux, selon le Baromètre 2014 de l'humeur des jeunes diplômés, réalisé par l'Ifop en janvier pour le cabinet Deloitte, leur deuxième motivation étant de « travailler dans un milieu professionnel plus positif ». Les jeunes diplômés, qu'ils soient en Grèce, en France, ou ailleurs, rêvent toujours, et c'est plutôt rassurant.
Ils ont raison. Car, d'une part, il n'a jamais été aussi facile de saisir les opportunités de départ, ne serait-ce que pour vérifier si l'herbe est plus verte ailleurs. Les deux tiers du commerce international sont aujourd'hui assurés par les firmes multinationales, qui offrent à la fois des opportunités d'expatriation et des occasions de départs moins définitifs. Air Liquide, Alcatel-Lucent, BNP-Paribas, Faurecia, GDF-Suez sont autant d'entreprises qui recrutent toute l'année des volontaires pour partir à l'international (VIE), pour ne citer que cette forme de séjour. Les entreprises ont bien compris l'importance de développer les offres à l'international pour attirer les jeunes talents. Le groupe hôtelier Accor, implantée dans 92 pays, a ainsi été désigné « entreprise favorite » des étudiants des grandes écoles de commerce et de management « pour ses opportunités d'expatriation, de déplacement à l'étranger, et ses interactions avec des clients et des collègues à l'international », indique l'étude Universum.
D'autre part, les occasions n'ont jamais été aussi nombreuses, car la demande mondiale en main-d'œuvre qualifiée est forte. « Le Brésil souffre actuellement d'une pénurie de travailleurs qualifiés, en particulier pour les infrastructures ou le secteur pétrolier et gazier », note Carla Rebelo, directeur général de Hays Brésil, cabinet de recrutement international.
Les pays les plus demandeurs
D'ici à 2025, l'Allemagne pourrait, quant à elle, manquer de 3 millions de travailleurs qualifiés. Pour y remédier, elle « s'est fixé comme objectif de rivaliser avec les Etats-Unis et le Canada dans la course aux talents », affirme Emma Broughton, chercheur au Centre des migrations et citoyennetés de l'Institut français des relations internationales). Et ces deux pays ne sont pas les plus demandeurs : « C'est en Irlande, aux Etats-Unis, au Portugal et en Espagne que l'inadéquation entre offres et demandes de compétences est la plus importante », note Alistair Cox, le directeur général du spécialiste du recrutement à l'international Hays Group.
Ce qui explique sans doute que, contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les pays émergents qui attirent le plus les jeunes en recherche d'emploi, mais les pays anglo-saxons, indique Jean-Marc Mickeler. 60 % des candidats au départ choisiraient d'abord l'Amérique du Nord ( 37 % le Canada, 32 % les Etats-Unis ) et 26 % le Royaume-Uni, et seulement 10 % l'Amérique latine.
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