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Nathalie LADRIÈRE (TBS 2007) - Le rôle des émotions
Nous sommes des êtres sociaux par naissance, nous avons besoin d’échanger et chaque action que nous vivons se traduit par une émotion.Nathalie Ladrière continue de nous parler des émotions, et plus précisément de comment être plus conscient de ses émotions. |
Lors de mes formations, je propose une pratique qui semble très simple et pourtant… Essayez de raconter à une personne une histoire, quelque chose d’intense, comme le dernier film qui vous a bouleversé, une discussion qui a mal tourné, un évènement pour lequel vous vous êtes enflammé(e). Racontez-le d’une voix neutre, sans y mettre de mots qui pourraient traduire ce que vous avez vécu, sans que votre visage ou votre corps ne trahissent votre ressenti. Vous pensez peut-être que c’est facile, détrompez-vous. Il est impossible spontanément de bloquer ses émotions (sauf pathologie). Naturellement, sans même s’en rendre compte, nos mimiques, nos expressions, le timbre de notre voix, notre posture, nos mots, tout de nous donne une information sur l’état de nos émotions, que ce soit confortable ou non. Parce que justement les émotions ont un rôle à jouer, elles donnent aux personnes qui nous suivent, qui nous regardent, avec qui nous échangeons, une information sur comment nous percevons ce qui se passe. Et cela se fait inconsciemment. Si pour une raison ou une autre nous tentons de limiter, d’étouffer l’émotion, sans écouter ce qu’elle a à nous dire, elle reviendra vers nous comme un boomerang plus ou moins rapide, mais indubitablement. Car l’émotion contenue est source d’inconfort physique et mental. Je vous propose une nouvelle expérience. Prenez une carafe remplie d’eau (idéalement au moins 1 litre) et un verre vide. Prenez la carafe à bout de bras, vous semble-t-elle lourde ? Cette carafe pleine, ce sont nos émotions qui ont pour vocation à être déversées (exprimées et donc libérées). Mais si je les retiens, elles vont de la même façon créer de l’inconfort dans mon corps puis monopoliser mes pensées. Travailler sur les émotions, c’est les comprendre, les identifier parmi d’autres sensations, c’est comprendre leur action sur le corps ou l’esprit, agir pour limiter leur intensité afin qu’elles demeurent dans une fenêtre qui demeure tolérable à défaut de confortable. Nous avons souligné l’importance d’écouter l’émotion, nous pouvons dès lors nous interroger sur son rôle. Prenons l’exemple de la colère. Quelle information la colère nous donne-t-elle, que nous enjoint-elle de faire ? Je vous propose de prendre quelques instants avant de lire la suite pour y réfléchir, vous serez peut-être surpris(e) de la difficulté à répondre à ce questionnement… Imaginez des enfants (nous sommes tous passés par là, cela devrait donc parler au plus grand nombre) en train de jouer avec des billes. Chacun amène ses billes, fait un parcours. Et un enfant prend une bille dans le sac de son camarade. Quand celui-ci s’en aperçoit, il pique alors une colère, qui va le pousser à mobiliser son énergie, voir sa combativité pour faire valoir son droit. Ainsi, la colère nous renseigne sur le fait que quelque chose n’est pas conforme au besoin : une sensation d’injustice, un manque de respect, de l’impuissance, un besoin non satisfait. Elle invite à réagir, comme toutes les émotions d’ailleurs, ce qui se fait pour la colère, au travers d’un regain d’énergie nécessaire pour aller récupérer la bille, éventuellement se mettre en position de combat. C’est le même cas si, lors de vos courses, une personne vous passe devant, alors que vous êtes dans la queue; cela va probablement vous mettre en colère, ou vous agacer suffisamment, pour faire entendre haut et fort que la queue est derrière. Et plus l’inconfort sera intense, plus la colère sera élevée. Ce n’est pas la même chose, en terme de ressenti et d’intensité, d’être agacé, exaspéré ou en rage. Il en est de même pour toutes les émotions. Ainsi, la peur nous informe de la perception d’un danger, d’une menace et va nous inviter à nous mettre en hyper-vigilance pour confirmer, ou infirmer, l’existence de ce danger, mais également nous enjoindre à fuir ou combattre ledit danger. C’est ce que nous avons tous vécu un jour, en marchant dans le noir, lorsque nous entendons un bruit qui nous met en alerte. Nos oreilles, nos yeux, nous semblent alors subitement plus réceptifs (voir un prochain article pour expliquer ce phénomène), et nous sommes prêts à piquer un sprint pour échapper à l’origine de notre peur et nous mettre en sécurité. La tristesse, quant à elle, nous dit que quelque chose est fini. Si nous restons sur l’exemple des petits, imaginez l’émotion après la perte de doudou-chéri. De quoi a besoin le petit, à ce moment-là, alors qu’il est en larmes ? Des bras d’un adulte aimant qui va le consoler, lui permettre de passer cette étape, qui va trouver des solutions de remplacement. C’est également cela lors d’un deuil. Plus rien ne sera tout à fait pareil, il va donc falloir apprendre à vivre différemment. Quant à la joie, c’est souvent moins évident. L’information donnée est que les besoins sont satisfaits, et son rôle est précisément de nous inciter à continuer dans cette direction, de stimuler l’activité pour demeurer dans la joie plus durablement. A ce stade, il faut garder en mémoire que ces émotions parfois inconfortables étaient fortement utiles pour la survie de nos lointains ancêtres préhistoriques. A cette période, les capacités d’analyse, de réflexion et de prise en considération des impacts des agissements, étaient nettement moins développées. Aujourd’hui, il est possible d’analyser qu’un coup de poing n’est pas forcément la meilleure façon de faire pour faire valoir ses propres besoins.
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Article écrit par Nathalie LADRIÈRE, membre de notre espace Entraide Nathalie est sophrologue, hypnologue et formatrice chez Stimuli sur les thématiques suivantes: Si vous avez raté ses précédents articles sur l'intelligence émotionnelle et la mémoire, vous pouvez les retrouver ici.
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