La crise que traverse l’industrie aéronautique, on s’y prépare depuis longtemps, et ce n’est peut-être pas celle du Covid-19
RSE
Jean-Charles BURGUIERE - Co-responsable tribu Aerospace & Defence (PGE 2004)
ATR, Sales Director - Leasing Markets
On a cloué des avions au sol pendant la pandémie. Quel avenir pour l’industrie aéronautique ? JC Burguière : C’est vrai que certaines pratiques ont évolué, l'avion reste la solution pour desservir de nombreuses communautés, accéder aux îles et aux lieux difficiles d'accès (notamment froid extrême ou haute altitude), traverses des mers/océans et ainsi rapprocher les cultures, remplir avec réactivité des missions humanitaires, acheminer du cargo (les masques et vaccins en sont de récents exemples) ou participer à la lutte des feux de forêts en été... C'est aussi un relais de croissance : les données montrent qu'une augmentation du transport aérien régional a un impact direct sur le tourisme d'un territoire bien entendu mais aussi sur son développement économique global et sur les investissements reçus venant de l'étranger.
JC Burguière : Bien sûr! Et en réalité pendant la crise tout ne s’est pas arrêté : les vols passagers ont certes baissé en 2020 mais 70% des ATR sont à nouveau en opération et le désir de découverte, de voyage pour aller voir un être cher ou un client est toujours là. De même le fret a poursuivi sa progression notamment avec le boom de l'e-commerce. ATR, c'est le moyen du dernier mile pour le transport de marchandises, un avion pensé dès sa conception d'ailleurs pour être reconfigurable en avion-cargo et ainsi avoir une deuxième voire une troisième vie après ses années de transport commercial de passagers.
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Alors on peut dire qu’ATR a finalement plutôt bien passé cette crise sanitaire ?
JC Burguière : ATR est le fruit de l’association d’Airbus et de Leonardo au sein d’un Groupement d’Intérêt Economique (40 ans cette année !), un ancrage fort qui a permis de traverser les tempêtes. Cette crise du Covid nous rappelle que nous devons aussi et surtout faire face à une autre grande crise, climatique. Avant tout, rappelons que l’aviation représente autour de 3% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. La technologie du « turbopropulseur » est très efficace avec ses grandes hélices qui certes ne permettent pas d’aller aussi vite qu’un « jet » mais amènent une réduction de 40% des émissions de CO2 (près de 5000 tonnes en moins par an par avion) par rapport à un avion de même taille équipé de réacteurs. Aujourd’hui sur certaines distances, le compromis temps de trajet/émission de CO2 est en faveur du turbopropulseur. Il faut cependant continuer à œuvrer à la décarbonisation dès aujourd’hui et de nombreux projets sont en cours : le SAF (Sustainable Aviation Fuel = biofuel) est opérationnel, ça marche déjà ! Des essais se sont aussi avérés concluants : en Mai 2019 a eu lieu en Suède le « Perfect Flight » entre Halmstad et Stockholm. Par l’optimisation des trajectoires et l’utilisation de biofuel notamment, un ATR a pu réduire de 46% ses émissions par rapport à un vol dit « classique ».
L’hybridation des moteurs d’abord et l’utilisation de l’hydrogène à l’horizon 2035 sont de réelles solutions d’avenir, et il faudra accompagner ces transitions au niveau de la chaine d’approvisionnement de cette ressource et de l’écosystème qui ira autour (infrastructures aéroportuaires par exemple).
Pour conclure notre marché est très diversifié avec 200 opérateurs dans 100 pays, une grande richesse quand il s'agit de traverser une crise.
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