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08 août 2023

Mettre les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de la stratégie de l’entreprise

Publié par Grégoire ANTOINE (TBS Education 2005) | N° 105 - Entreprises et sobriété

Mettre les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de la stratégie de l’entreprise

Florent Deisting

Directeur de la Transition Sociétale – TBS Education

Bonjour Florent, tout d’abord merci d’avoir accepté de répondre à cette interview. Parlons de ce statut d’entreprise à mission. Pourquoi TBS Education a fait ce choix-là, et qu’est-ce que cela change au quotidien ?

 

La qualité de société à mission répond à un vide juridique dans le droit français : l’intérêt social n’apparaissait pas dans les statuts d’une entreprise, alors que la majorité des français considère qu’une entreprise joue d’abord un rôle social. Ce nouveau statut a pour objectif avant tout qu’une entreprise définisse sa raison d’être, et ainsi donner du sens à son fonctionnement et à ses actions. L’entreprise va alors définir des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux qui 

seront intégrés au statut de l’entreprise, et qui seront opposables par toutes les parties prenantes de l’entreprise. Pour TBS Education, c’est un engagement très fort avec des objectifs inscrits dans le marbre, et nous engageons la gouvernance et le management à poursuivre ses objectifs, au-delà des hommes et des femmes qui passeront dans la vie de l’école.

 

Pour TBS Education, c’est un engagement très fort avec des objectifs inscrits dans le marbre.

 

 

Désormais, des auditeurs et un comité de mission contrôlent régulièrement les engagements pris par l’école, autour d’une recherche à impact, autour de la diffusion des connaissances RSE dans l’ensemble des métiers, autour de notions de diversité et d’inclusivité par exemple.

 

Comment une entreprise comme TBS Education peut tendre vers un modèle économique où la sobriété est centrale ? 

 

En interne, même si ce n’est pas original, nous avons mis en place un plan de sobriété sur la consommation d’énergie pour l’ensemble des bâtiments. De nombreux efforts ont été faits, avec notamment ce nouveau campus de Barcelone qui vise à être neutre sur le volet énergétique, nous investissons beaucoup sur le nouveau campus de Paris pour le rendre moins énergivore, et bien sûr il y a le projet du futur campus toulousain pour lequel ces enjeux sont centraux.

 

Mais la sobriété doit aller au-delà. D’un point de vue pédagogique, nous faisons en sorte d’apporter plus de responsabilité dans les cursus apprenants. Dans le Programme Grande Ecole, avons mis en place un cursus spécifique, le Climate Action Program, qui va permettre aux étudiants de se former sur ces enjeux climatiques. Quand nous faisons réaliser aux étudiants la Fresque du Climat, l’objectif n’est pas uniquement la sensibilisation : c’est également pour eux d’en tirer des bonnes pratiques pour améliorer l’impact des entreprises de demain.

 

Le Climate Action Program va permettre aux étudiants de se former sur ces enjeux climatiques.

C’est également via des liens constants avec le monde de l’entreprise que nous arrivons à rester au contact de leurs besoins en matière de nouveaux managers et dirigeants sensibles à ces questions.

 

De ton point de vue, comment est-ce que ce monde de l’entreprise vit cette transition, qui semble rapide, vers des modèles économiques plus sobres et plus responsables ? 

 

Effectivement, l’urgence climatique impose ces changements. Malheureusement, cette transition est trop lente dans beaucoup d’entreprises. Beaucoup ont mis en place des directions RSE, ce qui est louable, mais qui sont venus se mettre au même niveau que les autres directions, marketing, financière, etc. Puisque ces enjeux sociaux et environnementaux sont si importants, il est primordial qu’ils soient au cœur de la stratégie de l’entreprise. Si ce n’est pas le cas, les entreprises seront forcément confrontées à des arbitrages nécessaires entre RSE et d’autres problématiques, entrainant des lenteurs, voire des inactions.

 

 Nous avons je pense cette responsabilité de démontrer que l’on peut concilier la logique d’une entreprise qui fait du profit, et en même temps d’une entreprise à impact positif.

 

Par exemple, dans le monde de la tech, nous avons observé des croissances élevées et des fortes attractivités à l’embauche liées à la qualité de vie au travail, au développement durable, à une marque employeur forte. Avec une croissance qui ralentit en ce début d’année pour ce secteur, on voit des tensions, des licenciements et des modes de management pour certains qui ne sont plus en lien avec leurs engagements RSE. Ce que cela révèle, c’est que s’il semble facile de ‘faire de la RSE’ en période de croissance. C’est lorsque le marché se retourne que l’on voit vraiment si la RSE est au cœur de la stratégie de l’entreprise. 

Encore trop souvent, la RSE est abordée comme un outil de sensibilisation et de communication, en oubliant de la faire concilier avec la partie business. En tant qu’établissement de formation, nous avons je pense cette responsabilité de démontrer que l’on peut concilier la logique d’une entreprise qui fait du profit, et en même temps d’une entreprise à impact positif.

Propos recueillis par Grégoire ANTOINE (TBS Education 2005)

Auteur

Grégoire ANTOINE (TBS Education 2005)

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