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02 juin 2022

Il faut encourager les femmes à prendre le pouvoir

Après un baccalauréat ES, Jennifer intègre la fac de droit à Toulouse. Après sa licence en droit, elle prend la décision de rejoindre l’entreprise familiale. C’est pourquoi elle intègre l’école de commerce de Toulous où elle étudie 3 ans dont 1 an à la Robert Gordon University (Ecosse). Elle a officiellement intégré l’entreprise en tant que Responsable Marketing et Communication puis est devenue Directrice Générale 3 ans plus tard. Pendant ce mandat, elle a suivi la formation Métier Dirigeant à TBS. Elle a pris la présidence du groupe en 2017, la première femme en 4 générations !


Jennifer Labatut-Darbas 
TBS 2011
Présidente de LABATUT GROUP

Comment et pourquoi avez-vous été recrutée ?

J’ai été recrutée grâce à mon parcours universitaire, ma détermination et mon envie de faire perdurer l’entreprise familiale. Il faut dire que depuis mes 14 ans, j’accompagnais mon père dans les réunions avec les clients, les fournisseurs ou même les comités directeurs. Pendant ma jeunesse, j’ai effectué beaucoup de missions très diverses dans l’entreprise, pendant mes congés : secrétariat, manutention, qualité, exploitation, etc… Elles m’ont permis d’avoir une véritable connaissance du terrain, des collaborateurs et de m’imprégner de la culture de l’entreprise.

Être une femme dans le monde du transport et de la logistique, ce n’est pas habituel ! Mais je dirais que mes collaborateurs n’ont pas fait de différence, et m’ont jugé sur mes compétences. Lorsque l’on porte le nom des fondateurs cela implique un investissement et des résultats encore plus importants que la normale.

Quelle est votre vision du leadership ?

Un vrai leader doit avoir plusieurs compétences. Avoir une grande humilité, savoir écouter ses équipes et être doté d’un grand sens de l’empathie. Un bon leader doit aussi savoir s’entourer de personnes compétentes.

Il doit amener une vision et un cap, autour de valeurs auxquelles il adhère, faire confiance à ses équipes et leur donner de l’autonomie. La capacité à les embarquer autour d’objectifs communs est également primordiale. Cela passe aussi par un charisme fort.

 

 

Dans la mesure où il est plus compliqué pour une femme d’accéder à un haut poste, elle doit s’affranchir du syndrome de l’imposteur.

 

 Y a-t-il un leadership au féminin ?

Il ne faut pas faire de généralités, mais oui, il y a selon moi un leadership féminin qui se caractérise par plusieurs points. D’abord la femme dirigeante met moins d’égo dans sa manière de diriger son entreprise. Le pouvoir n’est pas sa principale finalité. Sa vision, ses objectifs et ses résultats passent avant. Elle a une forte intuition et une vision globale et à long terme. Elle est également bienveillante de nature avec ses équipes et ses clients

En quoi est-il différent du leadership masculin ?

Pendant de nombreuses années, le leadership était associé et réservé aux hommes. Mais cela a bien changé et heureusement. Je dirais que la femme est dans un management participatif, les hommes sont plus directifs. Ceci n’est pas une règle bien sûr ! Mon directeur général est également dans un management participatif. Et c’est pour ça que je l’ai choisi ! J’écoute l’ensemble de mes collaborateurs avant de prendre des décisions, ce qui m’aide à avoir une vision globale et 360° des sujets. En revanche, je sais aussi trancher quand il faut ! Le courage fait partie intégrante du leadership. Et les femmes sont extrêmement courageuses. Elles se sont battues pour arriver à des postes importants. Ce qui font d’elles des personnes vraiment déterminées.

 

A compétences égales, je favorise les femmes

 

En quoi cela peut être un plus d’être une femme ? A contrario en quoi cela peut être inconfortable ?

Les femmes ont une intelligence émotionnelle et situationnelle, elles ont une grande empathie vis à vis des collaborateurs et sont plus sensibles aux problématiques pro/perso, sujets majeurs pour l’attraction des talents. Je pense que la femme doit conserver son authenticité et avoir son propre style de leadership. Elle doit s’affranchir d’un problème dont souffre certaines femmes : le syndrome de l’imposture. Dans la mesure où il est plus compliqué pour une femme d’accéder à un haut poste, elle doit comprendre qu’elle n’est pas là par hasard. De plus, elle arrive en général à gérer son poste, sa famille, ses loisirs, ses amis… elle est multitâche !  

Auriez-vous des pratiques et des expériences de management à partager ?

Lorsqu’on se retrouve en situation de crise, un leader se doit d’écouter ses équipes, ses clients, les peurs, les doutes. Il doit en extraire un chemin et montrer la voie pour replacer tout le monde sur la route du succès. La période du COVID l’a illustré. Le leader doit montrer une image de guide. Un capitaine dans la tempête.

Selon vous, quel rôle jouent les conditions économiques politiques, sociologique ou culturelles?

Lorsqu’on observe les pays en voie de développement on s’aperçoit que les femmes sont souvent plus diplômées et accèdent de ce fait plus facilement aux postes à responsabilités. L’accès aux postes à responsabilité par les femmes se fait bien entendu également dans les pays riches mais elles sont confrontées encore à un certain conservatisme en la matière.

Avez-vous vu les profils de leaders évoluer ?

Les packages tendent à s’aligner entre homme et femmes dans les groupes menant une vraie politique paritaire. Néanmoins, il reste des différences notables dans les PME. Des lois encadrent heureusement cette évolution dorénavant. Les leaders doivent être des coachs de leur équipes pour les accompagner vers la performance collective. Et c’est un travail quasi quotidien.

Comment favoriser la prise de leadership par les femmes ?

Encourager les femmes à prendre le pouvoir. Leur montrer que c’est possible. Dans les écoles, dans les entreprises, les associations, dans le sport. Leur donner la possibilité d’intégrer les comités exécutifs, comité de direction, conseil d’administration, cercles de pouvoirs et d’influence. Pousser les femmes à intégrer des réseaux féminins.

 

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