Le leadership féminin : un atout ?
Audrey Rigonnaud (TBS 2006) C’est l’histoire d’une femme qui nous apporte tous les matins un café fumant, sourire éclatant aux lèvres. Chaleur du café ! Douceur de ce moment en équipe ! Elle nous explique qu’à la suite d’une restructuration de sa société, des lignes ont fermé et ce poste d’accueil lui a été proposé. Mission remplie à merveille ! Jusqu’au jour où cette femme tombe malade : plus de café chaud le matin, plus de convivialité en équipe… chacun retourne remplir ses documents Excel, tête baissée sur son ordinateur. C’est aussi l’histoire de cette cadre, qui se voit imposer — à elle et son équipe — des modes de travail présentiel en plein confinement, des objectifs à atteindre à coup de forceps collectif… puis devant la rudesse du management, décide de se mettre à son compte, pour plus de flexibilité dans un agenda de double job (cadre et maman). Cette femme développe rapidement son propre business, organise son temps et collabore avec des clients ravis de ce partenariat. Ironie du sort, son ancienne société la recontacte pour des contrats en sous-traitance… |
Et c’est encore l’histoire de cette cadre dirigeante, hyper-investie, au service de ses clients et de ses collaborateurs qu’elle protège à tour de bras, à qui on demande toujours plus, puisqu’elle accepte plus avec d’excellents résultats. Jusqu’au jour où son mental lâche, puis son corps. Une dirigeante trop investie ? Investie pour le collectif, très certainement : des valeurs et des compétences qu’elle met aujourd’hui au service de son cabinet d’accompagnement RH. Qu’on ne s’y trompe pas : ces histoires peuvent aussi être celles d’hommes !
Qu’est-ce qui fait que le travail de ces femmes n’est pas valorisé en entreprise, au point qu’elles cherchent à la quitter ?
Notre économie occidentale moderne s’est inconsciemment développée autour de valeurs de croissance, de compétition, de territorialité et de réussite par l’argent. Des valeurs qui ont permis le développement matériel de nos sociétés, une innovation technologique phénoménale et le partage d’informations à l’échelle planétaire. C’est un héritage riche, qui nous a beaucoup apporté pendant des siècles. Pourtant aujourd’hui ce modèle trouve ses limites en entreprise. La croissance économique exclusive, la recherche du profit à tout prix, le management unique par les chiffres ont entraîné une forme de déshumanisation de nos organisations, alors que nos équipes, elles, sont bien humaines ! Désengagement des collaborateurs, bore-out ou burn-out, démissions ou encore mal-être au travail…quelques signes commencent à montrer que le féminin a un coup à jouer.
Quelques signes commencent à montrer que le féminin a un coup à jouer. |
Qu’est-ce que le leadership féminin offre de différent ?
Nous vivons très certainement une période de transition où le modèle managérial masculin laisse peu à peu place à un modèle féminisé. Pour autant, il ne s’agit pas seulement de travailler pour une parité des femmes à des postes à responsabilité ni de valoriser des ascensions féminines chargées de testostérones. (Indispensables alors pour évoluer dans un monde d’hommes, elles ont fait bouger les mentalités et permis aux nouvelles générations de s’imposer différemment. Alors merci à ces femmes !) Le changement structurel vient de l’incarnation de valeurs féminines et d’un état d’esprit incluant l’émotionnel. Il vient de la reconnaissance que le leadership féminin fait une différence pour nos organisations : la force du collectif qui permet de dépasser les crises, la compréhension mutuelle qui permet une économie d’énergie incroyable, la recherche de consensus qui évite les désengagements à long terme et la communication, source d’innovations et de motivation.
Le changement structurel vient de l’incarnation de valeurs féminines. |
Entre nous, qui n’a pas rêvé d’une entreprise dans laquelle nos idées sont prises en compte, dans laquelle nos compétences et notre personnalité sont des atouts business différenciants, où l’on se sait soutenu dans nos erreurs comme dans nos difficultés et pour laquelle la santé mentale est aussi valable que la santé financière ?
Alors Mesdames, je vous invite à dépasser la croyance qu’une femme n’a pas d’audace, à arrêter d’être « une bonne élève » et à invalider les préjugés culturels d’une féminité « jupe courte, talons hauts ». Messieurs, je vous invite à accepter votre part de douceur et de protection du collectif. Vous n’êtes pas moins des hommes en manageant vos équipes avec bienveillance, vulnérabilité et empathie. Je vous invite tous à voir que nos décisions cartésiennes sont toujours accompagnées d’une dose d’émotion et d’intuition, qu’on peut allier résultats économiques et bien-être social et qu’on peut gagner de l’argent pour investir dans l’élévation du collectif.
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